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Ecole : Le karate Shito Ryu dans un contexte historique

 

Sources : Article écrit par M. Guy Buyens 6ème DAN Shito Ryu. " Shito ryu Karate in a historical context ".
" Les grands maîtres et la tradition d'Okinawa ",
(Salvator Herraiz, Budo International.)

  Hibiscus : La fleur nationale et l'emblème d'Okinawa

 

1. INTRODUCTION
Le Karate est un art martial développé par la synthèse de méthodes de combat indigènes d'Okinawa et le kempo chinois.
Actuellement, la Préfecture d'Okinawa est la préfecture Japonaise la plus au sud, et se compose de centaines d'îles (les îles Ryukyu) qui forment une chaîne de plus de 1000 Km de long. La capitale d'Okinawa , Naha, est localisée dans la partie la plus au sud de l'île la plus grande et la plus peuplée des Ryukyu, l'île d'Okinawa.

Les iles qui forment aujourd'hui la préfecture d'Okinawa ne faisaient pas partie du Japon, mais étaient une nation indépendante « le Royaume des Ryukyu ».

Le Tode (Karate) sur Okinawa subit d'importants développements basés sur

différents facteurs tels que la politique de centralisation du roi Shoshin et l'invasion des Ryukyu par le clan des Satsuma (1609).

   

Le clan des Satsuma contrôlait la région que l'on appelle aujourd'hui la préfecture de Kagoshima ;
clanLes samouraïs qui occupaient Okinawa étaient pratiquants de l'école Jigen Ryu ( kenjutsu ).
Suite à cette invasion les habitants d'Okinawa ne pouvaient pas porter le sabre. L'influence du jigen Ryu s'observe dans tout le développement du karate, spécialement chez les habitants de Shuri qui pratiquaient le Shuri Te, mais surtout étaient exposés aux Samouraïs car habitant aux alentours du château de Shuri.

La grande caractéristique de ce clan de samouraïs était leur vitesse et leur puissance au sabre. Leur devise était « une attaque, un mort ».
Les pratiquants de Jigen Ryu utilisaient une cible (makiwara) faite de bois dans le but de développer force et technique. A l'époque un étudiant de Jigen Ryu devait frapper le makiwara 3000 à 8000 fois par jour.

Au fil des ans, le Karaté se développa principalement dans 3 endroits : Shuri, Tomari et Naha. Ces trois zones sont distantes chacune de quelques Km et font aujourd'hui partie de la même ville Naha (capitale de la préfecture d'Okinawa).

Port de Tomari (Naha).
   
 
 
Devant le Château de Shuri. Vue d'Okinawa.


Durant le 19éme siècle, les 3 styles majeurs d'arts martiaux sur Okinawa étaient : Shuri-te : Shuri était la capitale du « royaume des Ryukyu » et s'y trouvait le château du roi. Ce style était influencé par les styles de Kung-fu du nord de la Chine.

Tomari-te : Tomari était un village de pêcheurs. Ils eurent également de grands maîtres mais ne participèrent pas à la modernisation du Karaté.
Naha-te : Sur Naha vivaient beaucoup de ressortissants chinois qui étaient prospères grâce au commerce. Ce style est proche des styles de Kung-fu du sud de la Chine.

2. LES VIEUX MAITRES

L'origine du Kung-fu et du Karate est imputée à Taishi Bodhidharma Daruma (470-543AJC ) fondateur du Bouddhisme en Inde ...

Daruma introduit le bouddhisme en Chine. Les méthodes d'entrainements basées sur les principes philosophiques de Daruma furent introduites en Chine dans le temple Shaolin dès 500 AJC. Le Kung-fu Shaolin (Shorin) du nord de la Chine était caractérisé par des mouvements rapides et dynamiques.

Depuis la Chine, le Kung-fu des Shaolin trouva son chemin jusqu'à Okinawa.

Takahara
Est connu comme étant le fondateur du karate d'Okinawa (bien que le terme Karate ne fût utilisé que bien plus tard). Takahara était une personne éduquée et expérimentée en astronomie. Il était connu comme un grand combattant ayant une grande connaissance des techniques martiales, mais épris de principes éthique tel que la compassion, l'humilité et la modestie

Kushanku
Ce militaire chinois envoyé durant la période « ming » sur Okinawa était un expert connu de Kempo (Shaolin Quan-fa). Il aurait formé plusieurs pratiquants sur Okinawa et parmi eux Chatan Yara et Sakugawa Kanga qui était, lui-même, élève de Takahara.

Sakugawa Kanga
Etait le premier à être associé au terme « TODE » (main chinoise). Son premier maître fut Takahara mais avec l'autorisation de ce dernier il poursuivit son travail avec Kushanku.
A cette époque existaient deux systèmes de combat sur l'île : Le système local « TE » et le « TODE » main de Chine. Sakugawa fut le premier à contribuer à l'intégration de ces deux techniques.

 

Matsumura
Elève de Sakugawa, après la mort de ce dernier il fut adopté par la famille royale et fut dès lors autorisé à étudier dans le temple Shaolin en Chine. Matsumura servit comme garde du corps de trois rois d'Okinawa. De par ses fonctions il entrait régulièrement en contact avec différents experts en arts martiaux qui influencèrent son travail. Mais surtout, il fut un des rares habitants de l'île à pouvoir étudier le Jigen Ryu, école de sabre du clan des Satsuma qui à cette époque contrôlait Okinawa. Matsumura codifia le Shuri-te qui deviendra le Shorin-Ryu. Pendant que le Shuri-te se développait, plusieurs pratiquants apparaissaient dans le village de Tomari, le plus connu fut sans doute Kosaku Matsumora, élève de Teruya. Matsumora apprit également avec différents maitres chinois dont un certain Chinto (réfugié chinois de Annan).

A côté de Tomari, dans le village de Naha d'excellents maitres, dont Aragaki, jetaient les bases de ce qui allait devenir le Naha-Te.

Hanko Itosu
Souvent mentionné comme le père du Karaté moderne. Elève de Matsumura, il devint fameux parce qu'il fut l'instrument qui permit l'introduction du Karate dans les écoles d'Okinawa. Il développa des méthodes d'entraînements qui sont encore utilisées de nos jours. Il créa également les formes Pinan (Heian en japonais) parce que les formes anciennes de kata étaient trop difficiles à apprendre aux enfants. Ces élèves furent notamment Mabuni et Funakoshi. Pendant ce temps le Naha-te se développait sous l'influence d'un certain Higaona Kanryo.

Higaona Kanryo
Né dans le village de Naha, il voyagea en Chine où il étudia les arts martiaux pendant plus de 10 ans. A son retour sur Okinawa il fut considéré comme le réel fondateur du Naha-Te. C'est son plus important élève Chojun Miyagi qui introduisit son ami Mabuni (déjà élève d'Itosu) dans le dojo de Higaona. Les deux hommes y travaillaient souvent ensemble. A la mort de son maitre, Miyagi voyagea également en Chine dans la province de Fukian. Il créa alors le Goju Ryu basé bien entendu sur le Naha-te mais avec de fortes influences Shaolin et Pa Kua, deux formes de boxe chinoise qu'il avait étudiées en Chine.

Kenwa Mabuni
Elève d'Itosu. Dans le but de parfaire ses connaissances martiales, il fut encouragé par ce dernier et conseillé par son ami Miyagi de prendre des leçons chez Maitre Higaona à Naha.
Durant cette période, il reçut également l'enseignement de maitre Aragaki de Naha. Maitre Aragaki était un expert en Kobujutsu (Ryukyu Kobudo) et enseigna à Mabuni les techniques de Bo et de Sai.
Mabuni Kenwa fut également influencé par un maître chinois (province de Fukien) Wu Xian GUI ( Go Kenki en japonais) pratiquant la technique du poing de la grue blanche.
Mabuni Kenwa peut également être considéré comme l'héritier de Itosu. La ligne Itosu-ha fut passée à son élève Ryosho Sakagami qui devint le 3ème soke du Itosu-ha qu'il rebaptisa plus tard Itosu Ryu.

3. LE PASSAGE VERS LE JAPON

Bien que le karaté soit basé sur les arts martiaux chinois et influencé par des techniques de combats locales, les maitres les plus influents du moment ont voulu migrer vers le Japon où le Karaté continua à se développer pour atteindre sa forme actuelle.

Funakoshi (Shotokan) s'installa sur Tokyo.
Mabuni (Shito Ryu) s'installa sur Osaka
Miyagi (Goju Ryu) voyagea beaucoup au japon et enseigna entre autres dans les universités de Kyoto (Kansai).

Jusqu'en 1935 le karaté (TODE sur Okinawa) signifiait « main de Chine ». Pour des raisons politiques les maîtres d'Okinawa rebaptisaient leur arts « Karate » en utilisant d'autres caractères japonais signifiant « main vide ».

En 1963 était créée une fédération qui allait devenir plus tard « la fédération japonaise de karaté » elle reconnaissait le Shotokan ( créé par Funakoshi) le Shito Ryu(créé par Mabuni) le Goju ryu ( crée par Miyagi) et elle reconnaissait également le Wado Ryu (Créé par Otsuka).

Hironri Otsuka
Pratiquant de Shindo Yoshin Ryu ju-jutsu. Il devint élève de Funakoshi, mais pris aussi conseil chez Mabuni. Maitre Otsuka ne croyait pas en l'efficacité des techniques de Kata en situations réelles, il développa donc des entrainements de Kumite. Plus tard, il décida de quitter Funakoshi pour se concentrer sur le développement d'un karaté plus fluide et plus dynamique (Wado Ryu).

 

La WUKO « World Union of Karate-do Organisation » reconnaît les styles suivants :
Goju Ryu - Shito Ryu - Shotokan - Wado Ryu - Shorin Ryu - Uechi Ryu - Kyokushinkai.

Généalogie du Karaté sur Okinawa

Généalogie de l'école Shito Ryu.


Origines des principaux styles de Karaté et leur relation avec Le Shito Ryu.

Shito Ryu : Style de karaté créé par Kenwa Mabuni (1889 - 1954)

Kenwa Mabuni étudia le karaté avec Anko Itosu. En 1909, encouragé par Sensei Itosu et sous le conseil de son ami Choun Miyagi, Kenwa Mabuni suivi les cours de Sensei Kanryo Higashionna (Higaonna) de Naha et cela jusqu'au décès de ce dernier en 1915.

Durant cette période Kenwa Mabuni reçut également l'enseignement de Sensei Seisho Aragaki de Naha, qui pratiquait un style de karate similaire à Sensei Higonna. Sensei Aragaki était un pratiquant de Kobojutsu accompli, il enseigna à Kenwa Mabuni les techniques de Bo et de Sai. Kenwa Mabuni fut également influencé par un chinois originaire de Fukien, maitre de la « technique de poing du héron blanc » Wu Xian Gui (prononcé Go Kenki en japonnais). En 1929, Kenwa Mabuni se rendit à Osaka et consacra tout son temps et son énergie à l'enseignement du Karaté. A l'origine il baptisa son style Hanko ryu (style mi dur) mais il le renomma en Shito Ryu.
Kenwa Mabuni mourut en 1952, la lignée familiale fut assurée par ses fils Kenei (1918 - ) et Kenzo (1927 - 2005)

Kenwa Mabuni peut également être considéré comme le successeur de Itosu. La lignée Itosu-ha fut transmise à son élève Ryusho Sakagami (1915 - 1993), qui devint le 3ème Soke d'Itosu-ha. Il rebaptisa plus tard son style en Itosu Ryu.

Le Nom de l'école « Shito Ryu »

Kenwa Mabuni étudia avec Anko Yatsume Itosu et plus tard avec Kanryo Higashionna, il baptisa son école le style « Shito » en prenant les deux premier caractère des noms de ces deux maitres.
- (SHI): une autre prononciation japonaise du premier caractère du nom de Sensei Itosu.
- (TO): Une autre prononciation japonaise de premier caractère du nom de Sensei Higashionna.
- (RYU): Ecole.

 

L'emblème du Shito Ryu

L'emblème du Shito Ryu est le blason de la famille Mabuni depuis des générations.
Le cercle représente l'harmonie, la paix. Les lignes intérieures verticales et horizontales symbolisent le kanji japonais pour le mot « personne ».
L'ensemble symbolise « des hommes travaillant en paix et en harmonie »

En réalité ce symbole provient du château de Chibana qui se trouve plus ou moins au centre de l'île d'Okinwa. C'est la que vécut, au XVème siècle, Uni Oshiro, également appelé Ufugusuku (Uniugusuku) qui veut dire « grand corps ». Il s'agissait d'un guerrier garde du corps du roi, qui vivait au château de Chibana et auquel le roi fit cadeau du château lorsque son fidèle garde du corps se maria. Quatre familles descendent d'Uniugusuku et du château de Chibana : les familles Mabuni, Oshiro, Nakamoto et Hokama, et elles ont toutes le droit à l'utilisation de ce symbole. Seul deux de ces quatre familles, Mabuni et Hokama, se sont consacrées au Karate.

L'héritier de Kenwa Mabuni est son fils ainé Kenei Mabuni.
Kenei Mabuni (13 Février 1918) est le premier né d'une famille de trois fils. Il commença l'étude du karaté dès son plus jeune âge et reçut l'enseignement de son père jusqu'à sa mort soudaine (attaque cardiaque) le 23 mai 1952. Kenei Mabuni succéda à son père comme le deuxième soke du Shito Ryu

Alain avec Soke Mabuni dans son dojo d'Osaka (1990). Sensei Nakahashi 9e dan Shito Ryu responsable pour l Europe avec Alain.
   
 
Mémorial en hommage à Kanryo Higaonna Naha (Okinawa).